Bonjour,
Voilà la dernière lettre à Benoît XVI.
Amicalement
Dominique
NSAE
Lourmarin, le 5 février 2008
Vallée d’Aigues
Dominique Venturini
Rue du Serpolet
84160
Lourmarin
A Benoît XVI
Curieuse façon de célébrer la naissance d’un enfant pauvre !
Dans une profusion de dorures, chasuble brodée de fils d’or, vous avez célébré la messe en latin, accompagnée de chants grégoriens. Dominant le peuple, vous avez
présidé les vêpres depuis une imposante cathèdre juchée sur une vaste plate-forme haute de sept marches. Acolyte avec ombrellino. Tout ce décorum d’un autre âge en contraste saisissant avec le
dénuement du récit évangélique, et surtout avec la vie rude de nos contemporains.
A peine les vases sacrés et les ornements précieux étaient-ils rangés, que tombait cette
stupéfiante nouvelle. Deux cents familles chassées de leur logement, dont le Vatican était propriétaire. Certes, vous avez respecté la loi fixant une date limite pour les expulsions. Trêve de
Noël oblige ! Mais avez-vous réalisé le désarroi de ces gens, en grande partie âgés ?
Vous vous voyez, vous, à votre âge, jeté à la rue par un propriétaire trop gourmand ?
Contraint de courir d’une agence immobilière à l’autre, avec une maigre retraite en poche. Et finalement acculé à trouver refuge sous un carton ou une tente dans
les rues de Rome, sillonnées par le Pape, bien à l’abri dans sa papamobile.
Vous avez pris conscience du développement de la pauvreté dans la capitale italienne en raison,
en particulier, de l’augmentation du coût de la vie, et surtout des loyers. La responsabilité n’en incombe pas seulement au maire : Monsieur Walter Veltroni. Vous y avez votre part.
C’est tellement plus facile d’aligner les idées généreuses sur le papier pour l’encyclique « Dieu
est Amour ». Autrement plus exigeant de le vivre dans le concret de l’existence, dans le respect des plus faibles. Désolés de vous dire que la religion-spectacle ne nous intéresse pas. Ce que
nous voulons, c’est l’authenticité de la vie.
Nous souhaitons vivement que vous quittiez de temps en temps, le faste de votre palais pour un
contact vrai avec le menu peuple, et ses difficultés à vivre. Mettre nos actes en conformité avec l’Evangile, ça nous concerne tous.
Respectueusement
Dominique Venturini