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Transmis par Gerard Warenghem

Paris, le 5 septembre 2008

 

De retour d'Ethiopie et du Gabon ...
quelques lignes sur ce voyage ...

 

C'est toujours avec un pincement au cœur et l'estomac noué que je quitte Libreville ! Un enfant de huit ans me disait, presque en pleurant, au moment du départ : « Tu vas beaucoup me manquer ». La réciproque est tout aussi vraie...

 

 

Jésus disait : « Nul n'aura quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou enfants, ou champs, à cause de moi et à cause de l'Evangile, qui ne reçoive le centuple maintenant, en ce temps-ci : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. » Marc 10, 29-30. Une fois de plus, je viens de vivre ces versets de l'Evangile de Marc. Maisons et voiture mises à notre disposition, des dizaines d'amis, des dizaines d'invitations... Le seul problème, c'est que les journées n'ont que 24 heures ! Et il n'y a que deux repas par jour. De toute façon, à 65 ans, il est difficile de manger plus. Au ciel, comme à Libreville, il y aura « des viandes succulentes et des vins capiteux » (Isaïe ch. 25, 6-9) mais je suppose qu'au ciel, on pourra manger et boire à toute heure du jour et de la nuit !

(Il y a une trentaine d'années, les jours de fête, de communion, de confirmation, je pouvais manger de maison en maison de 12h à 22h, en laissant la bière pour le coca entre 18h et 20h).

 

Chaque fois, c'est donc la joie des retrouvailles.

 

Mais cette fois, ce fut un peu différent. Florence, ma nièce, José son mari, et leurs quatre jeunes enfants furent de la partie du 12 juillet au 15 août. En 1982, Florence faisait déjà la connaissance de Christiane et d'Abel, les responsables nationaux de la JEC gabonaise d'alors.

 



 1982, forêt de Fontainebleau : Abel, Christiane, Florence et sa petite sœur, Cécile

 

Depuis, ils ont rencontré bien des étudiants africains de passage en France. Ils ont même fait partie de l'Aumônerie des étudiants africains de Paris ! En 2000, cette aumônerie fut fermée, mais l'amitié est restée ! Florence, notre amie ougandaise, responsable à la JEC internationale (Paris) entre 1986 et 1990 nous a invités à Addis Abeba où elle travaille (à l'UNESCO). Et plusieurs gabonais, certains revenus à Libreville après leurs études, d'autres habitant à Villejuif ou au Kremlin Bicêtre, leur avaient tellement parlé du Gabon qu'ils ont tout fait (économies) pour venir découvrir le pays de leurs amis (et de leur oncle !).

A peine 20 jours au Gabon : ce fut très court. Mais voici ce qu'ils m'écrivaient à leur retour en France : « Nous sommes tous les six enchantés par notre voyage. Tous les jours, l'un ou l'autre fait référence à un événement vécu là-bas. On est vraiment très très contents. On te remercie donc beaucoup. Tu embrasseras pour nous Georgette et Delphin, Pascal, Rachel, Georges et Josiane, Berthe, Judith, Nestor, Patience et tous les autres. On a trouvé votre groupe (RAJA) fantastique. »

Malheureusement, ils n'ont pas eu le temps de découvrir les communautés des Rois Mages, et bien d'autres amis, et bien des réalités. Il faut dire aussi que, durant ce court séjour, ils ont découvert Libreville, mais nous sommes aussi allés à Boué et à Lambaréné.

Beaucoup parmi ceux qui sont venus en France et qui ont fait leur connaissance, savent que Florence et José ont l'esprit et le cœur très ouverts. Ils sont chaleureux comme la plupart des gabonais ! Ce voyage avait donc toutes les chances d'être une réussite. Un bel exemple de fraternité entre les peuples. Alors que chaque jour, les medias nous inondent avec les conflits et les morts, il est bien dommage que ces mêmes medias ignorent généralement les simples citoyens qui construisent la paix à leur niveau.

En Ethiopie, Florence a tenu à nous faire visiter le pays au maximum. Outre deux voyages, dans le sud (Arba Minch) et dans l'ouest (lac du Mont Wentchi), nous avons retrouvé l'ami de Florence, Mulatu, qui a créé un centre pour jeunes femmes en difficulté : Godanow. Depuis 1995, date de la création de ce centre, 1975 jeunes femmes y sont passées. Et quasiment toutes ont pu retrouver leur dignité.

 

 

 

Nous avons décidé de participer à la vie de ce centre en créant un groupe : « Les amis de Godanow ».

Voir la vidéo Lève toi et marche : http://www.dailymotion.com/gerardw/video/xzdep_leve-toi-et-marche_shortfilms

 

Au Gabon, outre les joies de la plage à Libreville,

 



nous avons aussi fait deux voyages. Le premier (en train) nous a amenés chez Roger, dans un chantier forestier. Découverte de la forêt équatoriale !


Le second (en voiture) nous a amenés à 237 kms de Libreville : à Lambaréné. Le 15 août, ils reprenaient l'avion pour Orléans. Et je suis resté, jusqu'au 3 septembre. Bien trop court, même si au mois d'août Libreville est un peu vide : beaucoup se rendent en province ou à l'étranger.

 

J'ai quand même pu rencontrer une partie du RAJA Gabon, et réalisé quelques interviews (vidéos) : Hugues a apporté sa pierre à la réflexion sur l'expression « On va encore faire comment ? » ; Marc nous parle de la Coalition gabonaise « Publiez Ce Que Vous Payez » ; Didace de la rencontre Justice et Paix à la quelle il participait ces derniers jours, en Tanzanie ; Nestor lance à travers tout le Réseau, un nouveau sujet de réflexion : « Quelle place pour la société civile en Afrique ? » et Georges, agréablement surpris par le calendrier 2009 sur les conseils à donner aux parents quand il y a dans la famille un membre atteint par le VIH, propose la réalisation d'un autre calendrier, en 2010, sur la prévention des conflits : 12 pistes d'action, 12 phrases choc et 12 photos à trouver pour les 12 mois de l'année. Voila du travail pour les jours à venir !

(Toutes ces vidéos seront bientôt visibles sur le blog du RAJA :

http://reseau-raja.over-blog.com et sur le prochain DVD RAJA)

 

Vacances obligent, j'ai pris presque chaque jour un petit temps à la plage et comme d'habitude, j'ai pu partager la vie des uns et des autres, les soucis, les joies, les peines.

Par exemple : pique nique à la plantation de Juste et Rachel, mariage à la mairie de deux couples, mariage à la coutume d'un autre, à l'église d'un 4ème. L'an dernier, Aimé et Céline fêtaient leurs trente ans de mariage, cette année, beaucoup plus sobrement évidemment, Georgette et Delphin fêtaient leur 1 an. Il faut un début à tout !

Dans ce partage quotidien, j'ai eu quelques agréables surprises. Au détour d'une conversation, en me désignant, l'une explique à qui veut l'entendre : « C'est lui qui nous a tous élevé ! ». Et j'avoue que je ressens une certaine fierté, car le « nous » comprend plusieurs personnes qui savent aujourd'hui ce qu'elles veulent ! Plusieurs aussi gardent un très bon souvenir de leur passage aux Rois Mages, des diverses activités menées durant leur enfance. Au marché d'Akébé Plaine, une vendeuse m'aborde et me remercie : « J'étais Ame Vaillante, le jeu de piste au début de chaque année, c'était formidable ! ». Une autre se souvient de la Fête de l'Amitié qui rassemblait des centaines d'enfants à la fin de chaque année scolaire : « Et c'est nous qui fabriquions les cadeaux pour ceux qui gagnaient aux jeux ! ».

Aujourd'hui, plusieurs de leurs enfants m'appellent « Papy ». Il faut entendre l'un d'entre eux passer du « papy » au « « Allons - y mon Père ». Il prend un malin plaisir à imiter les adultes. Ils sont charmants ces petits !


Un policier, en retraite, explique comment au début de sa carrière, il était timide. C'est dans les communautés qu'il a pris de l'assurance. Un de ses chefs l'a remarqué et il est monté en grade !

Ces constatations venant des uns et des autres ne laissent pas indifférent...

 

Il y a les joies, il y a aussi les peines, la souffrance et la mort. J'ai vu trois fois Patricia avant qu'elle ne quitte cette terre, la veille de mon retour. Elle est restée cinq ans paralysée. Difficile de vous décrire l'état dans lequel elle se trouvait les derniers jours. Une terrible épreuve pour elle, pour la maman et pour ses frères et sœurs. Je connais la famille depuis 1973, et ce décès m'a touché également, bien sûr. Même s'il s'agit ici d'une délivrance, la mort d'un être cher n'est jamais facile à supporter. Quand en plus, les conditions matérielles dans lesquelles cette mort survient, sont aussi déplorables que celles rencontrées dans « les Akébés », le chrétien français et riche que je suis, se révolte ou en tous cas a envie de crier avec les autres : Publiez ce que vous payez, et publiez ce que vous faites avec l'argent !


http://www.dailymotion.com/gerardw/video/x1dudf_campagne-publiez-ce-que-vous-payez_politics


Au niveau des communautés de la paroisse des Rois Mages, le peu que j'ai pu appréhender m'a laissé une impression ... pas très optimiste. Les critiques, les plaintes sont nombreuses. Beaucoup se plaignent du clergé en général. Dans les communautés, ici et là on entend parler de « routine » ou de « divisions ». Alors, si je peux me permettre un conseil (c'est facile !) : retrouvez la bonne vieille habitude que nous avions dans les débuts, trouvez chaque mois un sujet sur lequel toutes les communautés peuvent débattre et trouver des pistes d'action. Les problèmes ne manquent pas : sida, éboga, vagabondage d'église en église, l'église et l'argent, etc. N'oubliez pas que le sel n'est pas fait pour la salière, il est fait pour les aliments. « Vous êtes le sel de la terre ».

 

Le 28 août, avant de partir, je présidais la messe de 8h aux Rois Mages. Dans la première lecture, tirée du livre de Jérémie, le prophète s'exclame : « Je me disais : « Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom. » Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. Je m'épuisais à le maîtriser, sans y réussir. » Une ancienne jéciste me disait : « C'est quand même dur d'avoir été jéciste. Il est des situations où l'on ne peut pas rester silencieux. On finit par parler. » Le feu dévorant dont parle Jérémie n'est pas réservé à certains. Il n'est pas réservé aux jécistes ou aux anciens jécistes. Nous sommes tous appelés à lutter contre la résignation, contre l'injustice, contre l'exclusion, contre la pauvreté. Puisse Patricia, depuis la place où elle se trouve aujourd'hui nous aider à rendre notre terre habitable.

 

Comme je l'ai déjà dit, notre séjour en Ethiopie et au Gabon fut donc trop court. Ces quelques lignes sont aussi trop courtes. Que d'oublis ... mais je ne peux écrire un nouveau livre !

Les quelques éléments rapportés ci-dessus vous donneront tout de même, je l'espère, une petite idée de la richesse de nos rencontres. Et du travail qui nous attend !

Bon courage à tous.

Avec toute mon amitié.

Gérard

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